La Taverne des Plumes de Cerisier [Taverne RP]

Les jours, en la Cité des Chevaliers du Saint Regard, s’écoulaient paisiblement, indifférents au temps qui passait. Le Voyageur qui découvrait cette ville au hasard de ses pérégrinations ou pour un motif précis était sûrement étonné par la noblesse de l’architecture ambiante. Les matériaux utilisés restaient simples, les Chevaliers n’étant point adeptes des styles flamboyants, mais leur agencement si particulier leur donnait un cachet unique et immuable qui imposait le respect.

Dans l’une des nombreuses ruelles tortueuses qui s’échappaient de la place centrale pour aller se perdre dans un dédale de porches et portes closes, un lieu précis avait attiré l’attention de Penthesilia. Un soir où elle s’était aventurée au cœur de la cité pour s’imprégner de son ambiance, une pluie diluvienne avait contrarié sa curiosité. Grelottante, l’Amazone s’était réfugiée sous un porche, maudissant le ciel et la terre quand un étrange bruit la fit sursauter. Dans cette ruelle sombre et peu avenante, une vieille enseigne en fer forgé couinait au gré du vent. En plissant des yeux, on pouvait y lire ceci : « Taverne de Plumes de Cerisier ». Penthesilia hésita un instant tant le lieu semblait calme et inhospitalier mais la pluie qui redoublait d’intensité l’incita à prendre une décision rapide. D’un geste assuré, la jeune femme fit tourner le loquet et poussa la lourde porte de bois…

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Dame Penthesilia vous ne vous lasserez donc jamais de mes histoires ?

L’amazone riait, incitant d’un geste le barman de la Taverne à poursuivre le récit de ses aventures. Elle savait pertinemment qu’elle ne le laissait pas indifférent, aussi l’homme solitaire n’hésitait pas à enjoliver ses aventures pour essayer de susciter l’admiration de la belle.

La Taverne des Plumes de Cerisier était un lieu admirable, une vraie caverne aux trésors qui était emplie d’innombrables objets que l’ancien marin reconverti en barmaid avait ramené de ses périples par delà les mers. La taverne faisait office de brocante puisqu’on pouvait également marchander la décoration. Chaque client avait en prime le droit à l’histoire de l’objet acquis, et la véracité des faits importait peu, tant le voyage était à chaque fois exotique.

Quand vos amis viendront-ils me rendre visite gente Dame ?

L’Amazone répondit évasivement :

A vrai dire, j’ai gardé jalousement ce lieu pour moi seule jusqu’à peu de temps. Mais notre bien-aimé Chevalier-Roi Alendil commençait à regarder d’un drôle d’œil le fait que j’envahisse la Salle des Ambassades avec tous les objets que je vous achète. Il a donc bien fallu que je m’explique sur leur provenance...Vous savez comment sont les Chevaliers, vous qui en avez cotoyé et combattu avec fougue par le passé !

Le Tavernier des Plumes de cerisier se redressa fièrement et resservit généreusement Penthesilia, insistant sur le fait que ses consommations étaient offertes.

A chacun ses plaisirs se disait-elle, j’apaise sa soif de reconnaissance, il apaise ma soif tout court. Au final, chacun y trouve son compte…

La jeune femme se cala un peu plus dans le vieux fauteuil, alluma une cigarette aux effluves épicées et se laissa aller à la rêverie en murmurant :

Enfin, peut-être passeront-ils un de ces soirs, quand les affaires de leurs empires leur laisseront quelques répits… Nous verrons bien, rien ne presse…

Mikomi Sen'jo, jeune princesse vagabonde, visitait la cité des Chevaliers du Saint Regard. Impressionnée par la mejestuosité pourtant simple du lieu, elle s'arrêtait parfois devant de simples maisons. Et tandis qu'elle errait, elle commença a avoir soif et se mis en quête d'une taverne pour désaltérée sa gorge asséchée.

Dans une rue plutôt sombre, une pancarte affichait un nom plutôt en contraste avec l'environnement. Un nom paisible, doux: "La Taverne des Plumes de Cerisiers". Bien que l'endroit sembla lugubre, elle fut attirée à l'interieur par le bruit des tasses entrochoquées, d'un liquide versé sans minutie dans une chope.

Mikomi entra donc dans cette taverne où le décor était tout autre que ce à quoi elle s'était attendu. Toutes sortes de trésor, allant de tableaux gigantesques aux armes rouillées, occupaient les murs.
Elle s'avança, les yeux rivés à la décoration, et n'appercu pas Penthesilia en train de discuter avec le barman. Ce n'est que quand son bras droit rencontra le comptoir avec une certaine violence que ses yeux s'en détachèrent.
Massant l'endroit endolori, elle se tourna vers le barman et commanda une vodka mêlée de fruits exotiques. C'est alors qu'elle appercu l'Amazone, dans les nuages aussi métaphoriquement que littéralement. En effet, la fumée de sa cigarette avait formé un halo brumeux autours de sa tête.

P...Penthesilia?

Alendil entra à son tour dans la petite Taverne jusque là discrète et sans caractère particulier si ce n'est de l'invasion de cerisier dont subissaient les quelques plates-bandes la ceignant, et des taches roses que cela faisait ici et là sur sa façade. La Chevalier-Sénéchal Penthesilia lui avait laissé un mot l'enjoignant à la rejoindre autour d'une jarre et d'un feu afin de discuter d'affaires quelconques, de se détendre en fait. Le Roi avait haussé les sourcils: pourquoi le Sénéchal Doré voulait discuter en d'autres endroits que la chaleureuse, majestueuse et noble salle du trône?

Aussi prompt à la colère que l'est un orage d'été, notre homme se révélait aussi ne pas rechigner à accéder aux caprices d'un de ses Sénéchaux, surtout quand celui-ci s'avérait avoir du sang Viking dans les veines et quelques facilité à magner hache autant que sadisme pur. Il opta donc pour l'obéissance à la demande de la belle. Il n'oublia cependant pas de laisser une note au Sénéchal Blanc, Exodus et de fustiger ce fuyant Sénéchal Azur qu'était Gola.

Celui qu'on appelait le Roi Rouge entra donc discrètement dans la Taverne et fut surpris d'y trouver un de ses futurs Chevaliers, la très fougueuse Mikomi Sen'jo venant des pays lointains où le soleil passe son temps à se lever. Mais la présence déjà à demie ivre de Dame Penthesilia ne l'étonna pas et il se glissa doucement dans un fauteuil non loin d'elle. Il s'y assit comme à son habitude: les pieds là où la plupart posent leurs fessent, les genoux serrés et les mains pendant dans le vide juste devant ses genoux, ses coudes appuyés sur ses cuisses. Curieuse position. Il s'adressa au barman:

Salut Bob - ça ne vous dérange pas que je vous appelle Bob? - je prendrais un saké s'il vous plaît, bien parfumé de préférence.

Puis il soupira d'aise et envoya un sourire à sa jeune soeur, Mikomi tandis que l'autre cadavre continuait d'exulter des déblatérations simiesques dignes d'effrayer un troll en rut. Alendil vit d’ailleurs que Mikomi était soulagée de le voir arriver en renfort…

Malgré ses nombreuses tentatives, Mikomi n'avait réussi à obtenir aucune réponse de l'amazone avachie. Au bout d'une dizaine de minutes, elle se recula, légèrement déroutée.

Pas très digne d'une reigne tout ça...

Alors que cette pensée traversait son esprit, la porte de la taverne s'ouvrit, laissant apparaître un nouveau personnage de non moindre importance. Celui-ci semblait cependant en bien meilleur état et s'installa d'une manière étonnante sur un fauteuil, évitant soigneusement le nuage cotonneux.

Mikomi se tourna vers lui, le regard plein d'espoir. Elle espérait que lui accepterait d'entammer la conversation. ELle fut rassurée quand il lui adressa un sourire.

Bonjour! Vous êtes Alendil n'est ce pas?

Elle tenait à vérifier, n'étant dans la ville que depuis quelques jours. Elle se tenait debout face aux deux personnages. L'un dans les vappes, l'autre bien sur terre.

Penthesilia songeait. Elle songeait à son empire, aux prochaines directives à donner, aux retours d'expéditions à analyser, au froid qui s'installait et qui n'allait cesser de durer, à ce bel endroit qu'elle avait trouvé par hasard, à ses frères d'armes qui arpentaient quelque part les ruelles de cette curieuse cité, au goût suave et épicée de sa fine cigarette, au tableau qui pendait dangereusement au-dessus de la tête du tavernier, à ce soldat qu'elle avait croisé et qu'elle aurait bien aimer suivre discrètement, à la fichue et sournoise grosse pierre qui avait roulé sous son pied et qui l'avait fait tomber en hurlant, compromettant à jamais ses chances de suivre ce soldat en toute discrétion, à cette colonie qu'il faudrait qu'elle développe plus, à son verre déjà vide que le tavernier remplissait encore..encore?

Hého, ne me re-servez pas sans arrêt !

Penthesilia était subitement sortie de sa rêverie et fixait maintenant le responsable des lieux d'un air faussement courrouçé. L'Amazone s'étira doucement, puis se retournant, elle aperçut une tête connue qui la fit s'éveiller complètement :

Mikomi!!! Toi ici? Et tu ne viens même pas me dire bonjour alors que tu es à peine à un mètre derrière moi! Mais quel culot!

Penthesilia s'approcha en souriant de l'autre jeune femme et l'embrassa affectueusement sur les joues. Elle remarqua alors, derrière elle, le Chevalier-Roi figé dans une étrange posture.

Tiens, bonjour Alendil. Hum, j'étais perdue dans mes pensées, je ne vous ai absolument pas vu rentrer! Alendil, heureuse que tu viennes faire un tour ici, je suis certaine que tu t'y plairas!

L'Amazone se tourna de nouveau vers Mikomi :

Depuis quand es-tu arrivée dans la cité de l'Ordre? J'espère que tu t'y installes pour quelques temps!

Alendil lâcha un sourire et piocha un morceau de gâteau dans la petite assiette qu'il tenait d'une main, l'autre main dûment armée d'une cuiller en acier +4 points de dégâts contre les gâteaux avec de la crème et de la chantilly. Il adorait ça. Son idée du paradis ressemblait à un endroit où des saints honorés et des jarres de saké tomberaient du ciel sur simple pensée.

Il soupira et commanda une autre petite assiette du gâteau avant de se gorger d'une bonne rasade de l'alcool de riz si parfumé. Il n'avait pas quitté sa posture, en fait il l'affectionnait vraiment. Il s'adressa à Mikomi:

Oui, je suis Alendil, et vous êtes Mikomi, j'imagine? La seule membre de notre Basse Noblesse, bien que vous n'ayez pas encore d'Empire, c'est-ce pas?

Il constata que le Sénéchal Doré lui ayant posé aussi une question, la pauvre Noble allait devoir répondre à un véritable interrogatoire, si cela continuait ainsi...

Mikomi, attentive à la réponse d'Alendil qui n'allait pas tarder à venir, fut surprise d'entendre enfin un signe de vie du côté de l'Amazone. Celle-ci, l'air faussement indigné s'irritait contre le barman puis soudain:

Mikomi!!! Toi ici? Et tu ne viens même pas me dire bonjour alors que tu es à peine à un mètre derrière moi! Mais quel culot!

La jeune princesse, légèrement étonnée de la reflexion, la regarda stupéfaite.

Mais.. mais si au contraire, c'est vous qui...

Mais elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase que deux bises de bienvenue attérirent sur ses joues. Ne la laissant pas reprendre son souffle, Penthesilia enchaina sur une question sur laquelle Alendil s'empressa de rebondir.

Ah euh oui, bien sûr je compte rester! Tant que la possibilité m'en sera donnée évidemment! Quand à mon empire Alendil, il est pourtant à un stade très bas, mais j'en ai un! Bien sûr, loin des votres, dans les derniers de l'univers.

Penthesilia écoutait Mikomi parler avec la douceur et la gentilesse qui la caractérisait. Alendil lui aussi semblait attentif, son verre de saké suspendu au bord des lèvres. Quand l'amazone apprit que son amie était déjà aux commandes d'un empire, elle ne put cacher sa surprise :

Oh! Et bien, c'est une excellente nouvelle que voici! Je ne savais pas que tu avais finalement trouvé une planète à investir et développer. Saches que si tu as besoin d'aide matérielle pour t'aider à accroitre la puissance de ton empire, je pourrai t'envoyer quelques ressources sans problèmes.

Penthesilia ponctua ses paroles d'un large sourire, regardant tour à tour Mikomi et Alendil. Elle était ravie de les voir en ces lieux, d'ancrer avec eux de nouvelles aventures qui viendraient s'ajouter aux innombrables souvenirs qu'elle avait déjà.

Mikomi avait du s'eclipser un instant alors que dame Penthesilia attendait sa réponse. Un appel de sa planète mère urgent l'y avait forcé.
Quand elle revint auprès des deux amis, un grand sourire éclairait son visage déjà joyeux. Elle ne tarda pas à annoncer la bonne nouvelle qui la rendait si contente:

Ah vous ne devinerez jamais ce que je viens d'apprendre! On vient de me léguer un empire!!

La joie débordait de son sourire et envahissait la pièce d'une chaleur bien agréable. Elle lanca au barman d'offrir une tournée générale et sautait à moitié sur place tant son excitation était grande.

Peu à peu, elle repris le contrôle d'elle même, le sourire toujours présent mais l'esprit plus clair. Heureuse d'être avec ces personne qu'elle affectionnait, une très légère ombre venait se dessiner sur le tableau. Elle devrait rester dans l'alliance de l'ancien Empereur pour quelques temps.

Alors qu’elle venait à peine d’entamer leur conversation, Mikomi reçut un appel important et s’absenta en s’excusant brièvement. Penthesilia resta donc à l’attendre pendant ce qui lui sembla être une éternité, laissant son regard vagabonder sur les objets improbables qui ornaient les murs de la Taverne.

Elle se tourna vers son ami le Roi Rouge mais son visage fermé et songeur n’incitait pas à la conversation. Alendil, toujours assis dans son étrange posture, était aussi silencieux que les reliques du passé accumulées par le Tavernier nostalgique. Penthesilia soupira, amusée :

Hé bien mon ami, je ne sais si l’endroit vous plait mais vous vous fondez parfaitement dans le décor !

L’intéressé ne répondit pas mais la jeune femme savait parfaitement ce qu’il en pensait, ce qui accentua encore un peu plus son sourire. Le Tavernier coupa court à ces petites taquineries. Posté à la fenêtre qui offrait une maigre mais douce lumière, il désigna la rue en s’écriant :

Tiens, revoilà la jeune fille que vous attendez Dame Penthesilia. Elle semble pressée de revenir !

A peine eut-il fini sa phrase que la porte de la taverne s’ouvrit avec grand fracas. Mikomi arborait un grand sourire, elle rayonnait tout simplement :

Ah vous ne devinerez jamais ce que je viens d'apprendre! On vient de me léguer un empire!!

C’est une excellente nouvelle chère amie ! J’espère que votre empire dispose de bases suffisantes pour connaître une belle évolution !

Quand elle apprit les conditions d’obtention de l’empire en question, Penthesilia rassura Mikomi d’un clin d’œil :

Les conditions tu sais, elles varient avec le temps. Ce qui te sied aujourd’hui, ne te satisfera plus demain et c’est ainsi. Il en était de même pour moi, dans mon ancienne et pathétique alliance ! Mon départ a été jugé comme une trahison !

L’Amazone éclata d’un rire méprisant

Une trahison, oui…Je n’appelle pas ça « trahir » que de quitter une alliance où le niveau intellectuel rivalise avec le néant absolu. Mystère insondable d’une médiocrité à laquelle il m’était insupportable d’assister ! Je suis Penthesilia tout de même ! Enfin, je te souhaite de prendre soin de ton Empire et encore une fois, si tu as besoin d’une aide quelconque, tu sais vers qui te tourner.

La jeune femme leva son verre en direction de Mikomi, partageant sa joie avec sincérité.

Caché dans la pénombre, Thanatos sirotait paisiblement son saké.
Arrivé depuis bien une heure, il observait le Roi, qui dans sa posture semblait préoccupé par quelque chose.

Le chevalier de venise posa alors son verre et se dirigea maintenant vers les 3 personnages.
Ne cherchant aucunement à se faire discret, il lanca au barman

Tavernier, apportez nous des coupes et une jarre de ton meilleur saké s'il vous palait.

Thanatos lui tendait quelques écus suffisant à payer sa note, puis repris en s'avancant vers ses compères.

Bien le bonsoir chers amis

Le chevalier s'inclina devant Alendil qui ne semblait toujours pas avoir décroché son imagination, puis pris légèrement et délicatement la main de Penthe, l'en embrassa puis se redressa face à Mikomi.

Vous devez être Mikomi...
J'ai beaucoup entendu parlé de vous par notre Roi, vous me voyez ravi de faire enfin votre connaissance.

Le tavernier apporta la jarre et les coupes de cristal à la table royale, ce qui détacha enfin Alendil de ses rêves.
Le chevalier retira son masque blanc orné de dessins finement brodés aux fils d'or, qu'il portait avec l'élégance des Vénitiens.

Je me présente, Thanatos, Chevalier de Venise.
J'ai rejoins l'Ordre après avoir été recruté par notre Roi. L'ayant convaincu de mes compétences divines, il n'a sû me refuser les terres que je dirige en Venise.

Un sourire charmeur aux lèvres, Thanatos fit un pas sur le coté, servit quatre coupes de saké avec habileté. Puis les tendues à chacun d'entre eux.

» La Fée, le Samurai et le Cerisier qui les fit s'aimer.